French Renaissance Paleography

Title

Recueil des Serées

Description

Troyes?,[1] 1589­­
“Recueil des Serées.” In Commonplace book of Louis de Marillac
Chicago, DePaul University, SpCR. 809 M336 c1589

Partial Transcription

[Fol. 31v, lines 56-66]
Messire Lambert estant allé desjeuner avec de bons compagnons, et ne pouvant ouvrir | des huittres à l’escaille, à chasque fois que ses compagnons s’accointoient unne huictre, il | beuvoit ung verre de vin, et du meilleur, disant « Ceci vault bien ung camphre ». Ainsi appel-|loit il ses huitres à l’escaille. Ses compagnons, craignantz que le bon vin ne faillist, | commencerent à luy en ouvrir, cela pour cause qu’il beust long temps sans manger et | qu’il feit entrer dans la vigne trop avant, et descendre trop viste de l’echelle. Car sortant | comme les aultres du lieu auquel il avoit desjeuné, où on entroit par ung eschelle, | comme il pense descendre, il commença à chanceler. Et comme on luy demendoit | que c’est qu’il faisoit, il respondit : « On le boira tabac ». Or il ne mist guerre à y descendre | d’une cheute qu’il feit assez heureusement qui fut cause de faire dire à ses compagnons |  que  Dieu luy avoit bien aydé, mais il respondit en disant « N’a pas d’ung eschelon. » ||

[fol. 34r, lines  54-66)
L’anneau, appellé par Tertullian pronube, que donnoit le promis à sa femme future denotoit | quelque servitude à celle qui le prenoit, et que pour cela Pytagoras avoit defendu de porter ung | anneau qui ferrast : l’anneau estant unne marque de ce lien et unne hieroglifique de servitude, et | c’est pourquoy le mary le donne à sa femme.||

Non sans cause entre les Romains, la femme presentoit au mary de l’eaue en unne main et du feu de l’autre, | signifiant par ceste contrariété d’elements les dissentions, les riottes, les querelles et murmures | qui souvent se trouvent en mariage, le mary et la femme estant contraires, à quoy ils peuvent | remedier s’accordant ensemble. ||

Aultres disoient que ce feu et eaue denotoient que le mariage estoit ung mal necessaire et dont on ne | peut eschapper, car qui ne sy noye, si brusle. ||

Aultres disoient que c’estoit pour donner à cognoistre au mary et à la femme que touttes choses s’engendrent | de chaleur et d’humidité bien temperée ensemble, et que ung mariage bien d’accord tous biens| s’engendrent ou proviennent. ||

Printed edition of the full text by Bouchet:
Roybet, C. E., ed. Les serées de Guillaume Bouchet, sieur de Brocourt. 6 vols. Paris: A. Lemerre, 1873-1882. For the above excerpts, see volume 1, pages 45-46 and 216-17.

 

[1] Capital of the Aube département in Champagne-Ardenne.

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